21/03/2012

Journée mondiale de l'eau

Le succès de la lutte contre la faim dépend d'une meilleure utilisation de l'eau

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a déclaré jeudi que pour
nourrir en quantité suffisante une population mondiale en forte
expansion, la communauté internationale devra veiller à utiliser L’eau
est notre "ressource limitée la plus précieuse", a déclaré le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau. "Si
nous n'utilisons pas l'eau de façon plus avisée dans l'agriculture,
nous ne serons pas en mesure d'éliminer la faim et nous ouvrirons la
porte à toute une série d'autres maux, notamment la sécheresse, la
famine et l'instabilité politique"
, a mis en garde M. Ban dans une
allocution lue en son nom à l'ouverture des cérémonies organisées au
siège de la FAO à Rome la journée du 22 mars 2012.

Dans de nombreuses régions du monde, l'eau se fait de plus en plus rare
et les taux de croissance de la production agricole souffrent d'un
ralentissement, a-t-il fait remarquer. Parallèlement, le changement
climatique exacerbe les risques et l'imprévisibilité pour les
agriculteurs, "en particulier pour les paysans pauvres des pays à faible
revenu, qui sont les plus vulnérables et les moins à même de pouvoir
s'adapter", a-t-il ajouté. Garantir la sécurité alimentaire et hydrique
pour tous requiert le transfert de technologies appropriées,
l'émancipation des petits producteurs vivriers et la conservation des
services essentiels rendus par l'écosystème, a souligné le chef des
Nations unies. Il a en outre préconisé des politiques de promotion des
droits de l'eau pour tous, le renforcement de la capacité de
réglementation et l'égalité entre les sexes. "L'eau jouera un rôle central dans la création du futur que nous souhaitons", a conclu M. Ban. "Au
prochain Sommet de la Terre Rio+20, la communauté internationale devra
faire les liens entre la sécurité hydrique et la sécurité alimentaire et
nutritionnelle dans le cadre d'une économie verte."

Chaque année, le 22 mars, le partenariat ONU-Eau rassemblant 28
organismes des Nations unies célèbre la Journée mondiale de l'eau afin
d'attirer l'attention sur les problèmes liés à l'eau et la nécessité de
gérer durablement les ressources en eau douce. Cette année, la FAO est
l'organisme chef de file des Nations unies pour les célébrations. Dans
son allocution, le directeur général de la FAO José Graziano da Silva a
déclaré : "Il y a vingt ans, le premier Sommet de la Terre de Rio
soulignait l'importance vitale d'une gestion rationnelle de l'eau pour
bâtir un avenir durable et la sécurité alimentaire de la planète. Si
depuis, de nombreux pays ont fait de grands pas en avant dans la gestion
de leurs ressources hydriques, il reste encore beaucoup à accomplir"
. "Il
nous faut répondre à la demande agricole en préservant l'eau et les
autres ressources naturelles, ce qui va de l'intensification durable de
l'agriculture pour produire la nourriture dont le monde a besoin en
utilisant de l'eau de façon plus intelligente, à la modification de nos
modes alimentaires en préconisant une alimentation plus saine, à la
réduction des pertes et du gaspillage"
, a-t-il précisé.

Renforcer la résilience des agriculteurs contre le changement
climatique, améliorer la gouvernance de l'eau, et créer des institutions
en mesure d'améliorer la gestion nationale et régionale de l'eau sont
également des volets prioritaires. La FAO estime qu'1,3 milliard de
tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année. Si l'on réduisait de
50 % les pertes et le gaspillage alimentaires à l'échelle mondiale, on
économiserait 1 350 km3 d'eau par an, selon la FAO. A titre de
comparaison, la moyenne des précipitations annuelles en Espagne est de
350 km3, la capacité de stockage du Lac Nasser en Égypte et au Soudan
avoisine les 85 km3, et le volume d'eau traversant la ville de Bonn sur
les rives du Rhin en un an est d'environ 60 km3. Aujourd'hui, quelque
1,6 milliard de personnes vit dans des pays ou régions victimes de
pénuries d'eau absolues, et les deux tiers de la population mondiale
pourraient être exposés à des conditions de stress hydrique d'ici 2025.
Une raison fondamentale est que l'eau est indispensable à la production
vivrière. Un être humain consomme en moyenne 2 à 4 litres d'eau par
jour, mais il faut de 2 000 à 5 000 litres pour produire la nourriture
quotidienne d'une seule personne. De fait, l'agriculture est responsable
de 70 % de tous les prélèvements mondiaux d'eau douce et d'eaux
souterraines. La raison de cette énorme empreinte hydrique est pourtant
claire: l'irrigation permet aux agriculteurs de produire davantage de
nourriture. L'agriculture irriguée couvre seulement 20 % des terres
cultivées de la terre, mais assure 40 % de la production vivrière.

La rapporteuse spéciale des Nations unies pour le droit à l'eau et à
l'assainissement, Catarina de Albuquerque, a exhorté dans un message les
pays à ne pas revenir sur leur décision de reconnaître le droit à l'eau
et à l'assainissement pour tous, mais plutôt à agir pour faire en sorte
que ce droit soit respecté. "Certains pays, dont le Canada et le
Royaume-Uni proposent apparemment d'enlever la référence explicite au
droit à l'accès à l'eau et à l'assainissement pour tous de la première
version du document final de la Conférence 'Rio+20' sur le développement
durable. Ces États perdent leur temps à vouloir renégocier leurs
propres décisions plutôt qu'à avancer dans la mise en œuvre du droit à
l'eau et à l'assainissement"
, a indiqué Mme de Albuquerque. "Nous
devrions marquer la Journée mondiale de l'eau avec des progrès au lieu
d'avoir des débats sémantiques et au lieu de revenir sur les engagements
dans ce domaine"
. "Nous ne pouvons pas oublier les milliards de
personnes qui n'ont toujours pas accès à un approvisionnement en eau et à
un assainissement sûrs"
, a-t-elle ajouté.

Nations unies – 22-03-2012